vous avez dit gratitude ?

chère lectrice, cher lecteur,

j’espère que vous avez passé une belle semaine. Ici, dans la nuit de dimanche à lundi, sans crier gare, on est passé du plein été à l’automne pluvieux. Cela m’a permis de réaliser que nous étions déjà en septembre ! Et puis à la maison, qui dit pluie, dit soirée crêpes, alors la pluie, on se réjouit toujours quand elle arrive !

Bon, mais je ne voulais pas vous parler de la pluie et du beau temps: aujourd’hui je veux vous partager mon point de vue sur une notion qu’on a mangée un peu à toutes les sauces ces dernières années et qu’on prend vraiment du mauvais côté je trouve. Je veux vous parler de la gratitude. De la mode du “journal de gratitude”, ce cahier dans lequel le soir venu on remercie pour les 3 ou 4 choses qui ont éclairé notre journée. J’inclue bien sûr la version familiale du “rituel de gratitude”, c’est le même principe.

Comme toujours, ça part d’une bonne intention. Et comme toujours il y a quelque chose qui me gêne dans cet énième avatar de la pensée positive. En gros, l’idée (oui, je sais j’exagère) c’est de se persuader qu’on n’a pas une vie si pourrie que ça et de remercier pour ces quelques moments de bien-être quotidien dénombrables, exprimables, (instagramables ?) qui émergent d’emplois du temps surchargés à l’excès qui ne laissent que rarement la place à la joie.

Ça ne me plaît pas car c’est encore et toujours ce rapport comptable aux choses dont notre société consumériste n’arrive pas à sortir. En gros, il faut pouvoir mettre un petit plus devant des moments de la journée pour que notre vie vaille la peine d’être vécue. Moi ça me donne une image de nos journées comme une grisaille dont se détacheraient quelques points lumineux. Cette vision de la gratitude traduit une vision de la vie qui me gêne aux entournures.

J’ai fini par découvrir autre chose, une chose bête comme chou qui est en somme l’inverse de cette gratitude comptable. Je veux parler de la gratitude a priori. Ça consiste en quoi la gratitude à priori ? C’est si simple que parfois j’ai l’impression d’enfoncer des portes ouvertes - mais je vous assure que ça change tout : il s’agit de prendre quelques secondes le matin au réveil pour ressentir à l’avance de la gratitude pour la journée qui commence. Cela veut dire quoi qu’il arrive. Car si on y réfléchit bien, avoir toute une journée à vivre, c’est assez extraordinaire en soi, non ?

Donc cultiver la gratitude, oui, bien sûr, mais à priori et sans condition. Comme l’amour inconditionnel quoi - on ne demande pas à son enfant d’avoir un certain nombre de qualités pour l’aimer. Aimer la journée qui commence sans attendre rien de plus d’elle que d’être au monde. Et vous savez quoi, quand on se livre à ce micro exercice au quotidien, quand on démarre sa journée dans cet état d’esprit, et bien ça change énormément. Ça change le regard, on est plus vivant, plus présent, on se réjouit d’un rien et comme par magie, les riens arrivent et font de belles journées.

Essayez, vous verrez ! Je ne serais pas étonnée que vous y preniez goût.
Je vous souhaite une belle semaine, bien vivante. À jeudi prochain !
Laura

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