le bimaristan Arghun & le clapotis de l’eau

Chère lectrice, cher lecteur,

Cette semaine, j’avais envie de vous envoyer une newsletter plus douce et pour cela je vais vous parler d’un gadget que j’ai acheté récemment et que j’a-d-o-r-e. Et il faut savoir que les gadgets, c’est vraiment pas mon truc, je crois même qu’on n’en a pas à la maison, en tout cas, c’est notre seul et unique gadget en-plastique-électronique, parce que le plastique et l’électronique, on n’aime pas trop ça. Mais alors celui-là, je ne pourrais plus m’en passer et même je le recommande chaudement à tous ceux qui ont la chance & le privilège d’avoir un petit bout d’extérieur ensoleillé.

Mais d’abord, je veux vous parler du bimaristan Arghun, à Alep (ne vous inquiétez pas, je sais où je veux en venir !) Bimaristan ça vient du perse et ça veut dire le lieu des malades. On parle là de l’âge d’or de la médecine arabo-musulmane, entre le VIIIème et le XVème siècle. Les bimaristans étaient des établissements de soins entièrement gratuits, ouverts à tous et extrêmement novateurs. On y accueillait les personnes atteintes de troubles physiques mais aussi mentaux, un soin tout particulier étant apporté au bien-être général des malades. C’est-à-dire qu’on n’y soignait pas que le corps mais aussi le cœur & l’esprit.

Le bimaristan Arghun d’Alep, le plus important, le plus beau de tout le monde arabe, était une merveille. Je ne sais pas dans quel état il est aujourd’hui, mais il y a une petite éternité, lorsque j’ai habité à Alep la très belle, j’adorais aller visiter ce lieu si particulier, si serein ! Ce dont je me souviens particulièrement, ce sont les fontaines : une dans chaque cours car ils savaient que le bruissement de l’eau apaise les tourments. On a retrouvé également des listes de dépenses du bimaristan : une partie non négligeable servait à payer des musiciens ! Quelle idée géniale ! Vous imaginez si dans nos hôpitaux laids et tristes, on pouvait s’évader au bruit de l’eau et de la musique!

Mais revenons-en à mon gadget : il s’agit d’une petite pompe solaire que nous avons installée dans une vieille baignoire en zinc, avec de l’eau, quelques plantes et quelques poissons. Mais un seau sur un balcon suffit tout à fait ! Depuis, les journées sont rythmées par le bruit de l’eau (bon, il faut que le soleil sorte tout de même, on a pris le modèle bon marché, sans batterie…) Moi, assise à mon bureau, je guette la course des nuages et quel bonheur quand le soleil sort : aussitôt, le filet d’eau se met à couler, et enclenchant ce petit bruit si délicieux. Et peut-être même plus que délicieux : j’ai comme l’impression que ce filet d’eau qui coule à la capacité, comme par mimétisme, de mettre des choses en mouvement dans le corps… mais ça, c’est juste une impression.

Et puis chaque jour depuis que le bassin est là, je repense au bimaristan Arghun, à Alep et à toutes les belles personnes que j’y ai connu. Il suffit parfois de pas grand-chose pour partir en voyage ! Et vous avez sans doute vous aussi un souvenir lié à de l’eau qui coule ! Voilà, donc moi, je vous conseille vraiment d’avoir un micro-bassin avec de l’eau qui clapote dedans. Je ne dis pas que ça change tout, mais ça adoucit la vie.

Belle journée et à la semaine prochaine !

Laura

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