la grande nuit

chère lectrice, cher lecteur,

cette semaine, nous avons changé d’heure pour passer à l’heure d’hiver, c’est-à-dire nous rapprocher de l’heure du soleil. Je sais que beaucoup râlent de la nuit qui tombe si tôt, mais moi, j’adore ça ! Alors bon, je ne le dis pas trop, car parfois on me comprend mal, mais à vous, je peux le dire. Là où j’habite, il fait maintenant nuit noire à 17 heures, et moi, c’est aussi beaucoup pour cela que j’aime vivre ici: pour les très longues nuits de l’automne et de l’hiver. Parfois même, on dirait que le jour n’arrive pas vraiment à se lever, et moi, cela me ravit.

En fait, cette nuit enveloppante me rassure, je me sens comme dans un cocon et reliée à quelque chose de très ancien & de très profond. J’aime le vide qu’elle fait dans la rue, l’activité qui se réduit au stricte nécessaire. J’aime le silence que la nuit crée. Alors c’est vrai, au moment où la nuit tombe et qu’il est encore si tôt, il y a un temps de fatigue et de flottement, tout d’un coup, l’énergie est comme aspirée par la pénombre. Ce petit moment est un peu difficile à passer, je vous l’accorde. C’est comme un petit laisser-aller, un peu d’angoisse aussi peut-être.

Et puis une fois que c’est fait, une fois qu’on est passé dans la nuit alors c’est comme un monde qui s’ouvre. Il y a une puissance de cette nuit-là qui vient dévorer le jour prématurément, quelque chose d’impérieux. Et j’aime beaucoup cette puissance-là. Dans un monde où l’homme croit tout dominer, j’aime que la nuit nous résiste et s’impose à nous. Je trouve que c’est rassurant. J’ai parfois l’impression que les hommes sont tellement fous, que s’ils le pouvaient, il empêcheraient les longues nuits d’hiver. Dieu merci, ils ne le peuvent pas !

Et du coup, la grande nuit nous donne à ressentir la force de la nature - pas la jolie nature des pâquerettes et des ruisseaux, non la nature dans sa force incommensurable, immémorielle. Et ça, on n’en a pas si souvent l’occasion dans nos vies de citadins, alors il faut en profiter. Plutôt que de se plaindre, on peut aussi faire face à la grande nuit comme on fait face à la mer et par elle, se relier aux éléments. Vous verrez, ça change tout ! Quand la nuit pèse, je trouve que ça aide beaucoup de réaliser qu’on est juste plonger dans le cosmos, ça a tout de suite plus de gueule, non ?

Et puis ces longues nuits sont aussi à prendre comme un cadeau je trouve. Elles sont idéales pour se replier un peu, diminuer le rythme, passer du temps seul à ne rien faire ou à réfléchir. Dans l’obscurité, il faut accepter de ralentir et d’adapter son rythme. C’est un délicieux moment d’introspection qui vient à point nommé après la grande énergie de l’été. Il serait dommage de ne pas profiter. Dans notre monde pressé & efficace, il n’est pas facile de respecter son rythme chronobiologique, et pourtant, c’est essentiel !

Bref, vous l’aurez compris, j’adore cette plongée dans la grande nuit qui va nous mener jusqu’au solstice et au retour de la lumière. D’ailleurs, j’aime tellement la grande nuit de l’automne que j’ai prévu de vous proposer le premier programme Colchik pour traverser ensemble les grandes nuits de décembre… je vous en reparlerai bientôt !

Bon week-end, et profitez bien de la nuit qui tombe si tôt ! À vendredi prochain !

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