l’infini & le quotidien
chère lectrice, cher lecteur,
voici maintenant plus de deux semaines que j’ai quitté les réseaux sociaux (c’est-à-dire pour moi instagram) et je goûte chaque minute de la journée avec un délice tout particulier. S’ajoute à cela la neige qui recouvre le jardin depuis plus d’une semaine, illuminant tout de sa lumière blanche et douce: je suis juste au comble du bonheur ! J’avais envie de réussir à vous dire ce que c’est, ce bonheur et hier, justement, je l’ai touché du doigts.
Assise à mon bureau de bois dont la texture ancienne accompagne mes journées, j’ai levé la tête et j’ai vu ce cahier posé sur le rebord de la fenêtre. Vous savez, il y a toutes ces choses qui meublent notre quotidien, qu’on perçoit autour de nous sans vraiment y prêter attention et puis il y a les moments où, pour de bon, on les voit. Eh bien à ce moment-là, ce petit cahier avec le portrait de Modigliani, je l’ai vraiment vu. Il y a avait bien sûr le rouge du cahier posé en dessous, il y avait la blancheur tendre de l’extérieur, les branches des fruitiers nus dans l’hiver, comme des bras tendus.
Mais surtout, il y avait ce tableau (Elvire assise, accoudée à la table). Et au moment même où je l’ai vu, j’ai ressenti qu’il y a avait dedans tout ce que j’aime et tout ce qui me fait aimé la vie. Et surtout j’ai pu nommé cela : c’est l’association de l’infini et du quotidien. Le quotidien c’est la simplicité du motif, la table de bois, l’écuelle qui se glisse dans l’image, la familiarité du coude sur la table & de la tête sur la main, et puis ce petit pull noir si sobre, si humble, le col de coton blanc qui ressort dans la nuque. L’infini c’est la perfection de ce portrait, le moment capturé, éternisé et les yeux en amande de Modigliani qui sont comme de grands paysages.
Hier, tout cela m’est apparu avec une grande netteté et j’ai compris que c’est très exactement cela que je recherche dans la vie : l’union de l’infini & du quotidien. Rien d’autre, vraiment rien d’autre. Ça a été un moment de grande vérité pour moi et j’en suis encore toute retournée. Jusqu’à maintenant, je tournais beaucoup autour du quotidien, j’ai toujours senti qu’il porte en lui une vérité première. Mais il me manquait une dimension, ça n’était pas juste le quotidien qui m’attirait. Et là j’ai enfin pu mettre un mot sur cette part non pas manquante, mais non-nommée: l’infini.
Trouver l’infini dans le quotidien, s’approcher de l’infini par le quotidien. À mes yeux, le sens de la vie est juste là, dans ce point de jonction entre infini et quotidien. Cherchez, vous verrez, avec un peu d’entraînement, on arrive très bien à unir ces deux-là et leur union est une grande source de bonheur.
Vous me direz ?
Je pense à vous, Laura