je n’ai pas de langue maternelle

Avant d’aller plus loin, il faut que je vous parle d’une chose qui me travaille depuis toujours et qui ressurgit avec le nouveau site Colchik et ma nouvelle activité d’accompagnement. Sans doute que je n’arriverais jamais à régler complètement ce problème, peut-être aussi que ça n’est pas vraiment un problème, juste une partie de moi. En tout cas, j’ai choisi de penser que ce n’était pas grave et de cesser de me faire des nœuds au cerveau à ce sujet…

Mais commençons par le début : je n’ai pas de langue maternelle ! C’est tout bête hein, mais j’ai mis des années & des années à le comprendre et à vivre avec. Voilà comment cela s’est passé : je suis née et j’ai grandi en France, mais ma mère est allemande, très allemande, profondément allemande, tout ce qu’elle m’a transmis est allemand, les gestes, l’être-au-monde, les mémoires, les goûts… tout. Et pourtant, elle ne m’a jamais parlé allemand ! Ce qui veut dire qu’elle m’a transmis un monde mais pas la langue pour le dire. C’est bête, hein. Alors ma langue première, c’est le français et j’aime cette langue, bien sûr, mais tout au fond de moi, les mots cachés qui disent ce que je suis sont plutôt allemands. Et c’est pour cela qu’à 20 ans, je suis partie vivre à Berlin. Vivre en allemand quelques années a été un grand bonheur pour moi… mais je me suis aussi rendu compte que j’étais plus française que je ne le croyais...

Ce qui est étonnant, c’est que les histoires se répètent sans qu’on le veuille : quand j’ai eu des enfants, avec mon mari qui est français (enfin presque, je simplifie sinon ça va être trop compliqué !) nous avons décidé que je leur parlerai allemand. Et comme nous sommes repartis vivre en Allemagne et qu’ils ont été scolarisés ici, et bien leur langue première, c’est l’allemand… qui n’est pas non plus vraiment leur langue maternelle. Bref, on ne s’en sort pas, on dirait qu’on est condamnés à être apatrides de langue !

Arrive l’étape suivante : quand j’ai créé ma marque de vêtements, l’anglais s’est imposé. Je le parle très moyennement, l’anglais, en revanche, j’aime bien l’écrire, je trouve qu’il se prête bien à la formule et donc à tout ce qui est « communication » de marque. Ainsi, j’avais trouvé un équilibre : je parlais français avec mon homme, allemand avec mes enfants, anglais dans le boulot.. et les trois avec mon chien !

Mais on le sait bien, rien n’est jamais acquis : quand j’ai décidé de faire évoluer mon activité et de me lancer dans le coaching, je me suis retrouvée face à un vrai problème : tout Colchik était en anglais mais je voulais faire mes accompagnements en français. Au départ, ça m’a semblé être un problème un peu insoluble et puis finalement, la transition s’est faite. En quelques 6 mois, j’ai fait évoluer ma communication vers le français et je me sens bien avec cela. Le nouveau site qui sera prêt dès lundi prochain est en français. Je me suis permis de garder un peu d’anglais de-ci de-là, non par coquetterie mais parce que j’aime bien cette langue et puis par peur aussi de perdre mes clients non-francophones en chemin…

Mais vous savez quoi : je n’ai plus envie de me rendre malade pour des questions qui n’ont pas vraiment de solution. Longtemps j’aurais aimé rentrer dans une case, ne serait-ce qu’au niveau linguistique, mais je vois bien que ce n’est pas possible. Et en fait, je crois que c’est un peu le cas pour tout le monde : personne ne rentre vraiment dans une case, et c’est ça qui est chouette, en fait. Si un jour on rentrait tous dans une case, et bien la vie serait quand même drôlement moins intéressante, non ?

Allez, je vous laisse, j’avais juste besoin de vous dire cela
Prenez soin de vous et à la semaine prochaine,
Laura

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